vendredi 28 avril 2023

3

 Les dauphins apparaissent, disparaissent

Au près, au loin de l'étrave

Glissements conjugués vers Molène

Le bleu mat de l'Iroise dans la luminosité

Tapageuse

D'un été magnifié.

3

 Les galets gris, blancs, jaillissements de lumière

Sur les grèves de Molène Ouest

Toutes les formes.

Le goémon, échoué, flottant,  au gré des marées

Différenciations brunâtres, sec/mouillé

Et les rochers

Les îles

Partout, ombres dans le contre-jour

Grains de beauté excroissants sur la mer.

2

 Fromveur endormi

Quelques rares plissures

Comme un vêtement repassé à la va-vite

Des frissons d'affleurement.

Kéréon se dresse

En lévitation sur la mer

Tranquille comme un vulgaire phare de terre

2

 Le charognard se dandine, blessé, une patte folle. 

L'estran est son royaume. 

Il règne, l’œil inexpressif, sur le butin de ressac, amené par la marée.

Entre deux cailloux, un congénère. Mort.

Repas facile, abondance. Pas de culpabilité cannibale.

Il dépèce, déchiquète par de brusques aller-retours. Jamais statique sur le festin.

Regards furtifs, à droite, à gauche. Méfiant, en mouvement.

La charogne, désormais le ventre à l'air, n'est plus qu'un amas de viscères.

Le bec, inexorable, se nourrit, se baffre.

Sur le quai des Français Libres, la civilisation humaine, raffinée et mangeant à heures fixes, se repaît du cruel "spectacle de la nature!", clamé par un vieux monsieur à la casquette en tweed.

Darwin, que disais-tu, déjà?

6

 Le secret fallacieux accouche 

D'un monstre

Monstre à la tête perturbée

Il n'en finit plus de

ressasser

Aggresser

Harceler

Humilier

Insulter


Il a rompu ses chaînes

Il ne veut plus de l'ombre

Il a détruit son propre abri

Le secret

A bout de souffle

Rongé par l'impossibilité de la reconnaissance

L'obligation de l'angle mort

Il n'en veut plus.


La respiration a enflé par saccades irruptives

Il ne se contrôle plus

Dévore, jour après jour

Sa chrysalide patiemment tissée

Il n'attend plus 

La transformation

Il a hâte d'en finir avec les poussières

Les miettes.

 

Mais rien de plus ne lui est offert

Rester dans sa prison dorée est

La seule issue

La Mante ne donne pas plus

Ne veut pas

Donner plus

Rugosité du jugement.


Il se rebelle

Encore

Et choisit, sans issue

L'auto-destruction et

 Le chaos pour les autres

Il n'est plus la consolation

Il n'en veut plus

Alors, devenir monstrueux, abject

La transformation a perdu sa raison d'être

Barrissements verbaux

Éructations stridentes, confuses

Insultes

Blesser, humilier, anéantir

Menacer

Tout vomir et perdre


L'Humanité.

5

 La Mante

Femme puissante

Qui configure ses émotions 

En fonction de ses besoins

Ne pas regretter

L'oubli de l'altérité

Un seul chemin

Le sien, Romanesque

Mantra répété

Construit dans la certitude de la raison

La nécessité d'une personnalité augmentée

Qui mange à satiété.


Envers, contre tout, 

Le refus d'un horizon atrophié.

4

 Révolution de formol

Capacités d'ubiquité

Ici dans le devoir,

Le don de soi

Là-bas dans le plaisir,

Le don de soi...aussi

Un autre

Celui que l'on choisit

Que l'on SE choisit

Contre l'Un, dans le déni de sa douleur présumée

Mensonges...préservation?

Dissimulation...protection?

Pour se croire toujours respectueuse et loyale

Couper la poire en deux

Pas de fruit défendu

Les deux faces d'un même goût

La vie

La vie, ici

La vie, là-bas.

3

 L'abandon, la trahison

La place du con

Rîmes en on

Ou d'autres sons.

Lâcher les mots

Des mots

Lâcher les maux.

 

Que reste-t-il après l'expérience de la déloyauté?

Du mensonge

De la dissimulation assumée.

 

Rester ou partir?

Fuir ou mourir?

Quel intérêt

De se poser ces questions?

Aucun sens à trouver

L'entendement s'est fait la malle

Subsiste le mal 

Fait.


Il dévore, prend toute la place

2

Le jour d'après


Outrenoir Soulages

Opaques pensées

Toute la place prise

Une transe de l'évanouissement

La nausée permanente d'un corps qui

Foudroyé

Rapetissé

Transporte le vide.


Après la nuit

Ressassements, raclements

Les arêtes aiguisées

Où se cogne la psychée

Exténuée

L'étirement du temps 

Qui s'échappe

Malgré tout, contre tout,

Les cris sourds du désir de mort

Tapent

Tapent

Coups donnés sans fatigue sur la porte de l'épuisement.

 

Le jour d'après n'est qu'une plaie

Sans souffle

Béante et rugueuse

Qui trouve le réconfort

Dans le cynisme joyeux

Des vagues qui harcèlent

A grands renforts de ressacs

Les falaises stoïques

Indifférentes.

Les pas suivent le chemin 

Qui crisse

L'étrange apaisement de quelques secondes

Échappées au vertige 

Morbide


L'antidote de la mobilité



4

 Assis sur le Rocher, Romantique en sursis La mer au bout des pieds,  J'assiste au lever de la pleine lune. Énorme boule,  Jaune orangé ...