mercredi 9 novembre 2022

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Dans la descente du Colle Fauniera,vers Marmota, rien n'est facile. La voiture prend toute la place disponible. La route est défoncée, nids de poule, trous, fondrières, cailloux perdus qui traînent.... .

La voiture brinquebale, il faut tenir son volant, être concentré. A chaque virage, on ne voit rien, se dire qu'il faut prévoir l'autre voiture, le vélo.

Qui d'autre, sinon?

Sûrement pas une vache blanche échappée de son alpage, qui tient bien sa droite et monte nonchalamment. Pas de peur, pas de mouvement brusque, ni vers la voiture, ni vers le talus. Un regard placide, indifférent. Une habituée qui maîtrise les codes de son bout de route. 

Ce n'était pas un rêve. J'ai croisé une vache dans un lacet de poche et elle tenait bien sa droite.

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Quatre marmottes sur un gros cailloux. Une petite, tout en haut, bronze au soleil de 10h. Au pied du rocher,  aux aguets, une fine et agile, tourne la tête en tous sens.L'autre petite divague dans les hautes (pour elle) herbes, court de guingois, jamais les quatre pattes au sol en même temps, d'où la chaloupe. La dernière, à l'ombre, immobile, statue confondue avec le rocher, presque invisible.

Le garde m'a vu, a senti que j'avançais encore. Elle hésite. Sa tête ne s'agite plus. L'heure est à la réflexion, à la décision.

Cris perçant, bref. Comme une douleur foudroyante, la peur qui se répand dans le vallon. Les échos, ailleurs. On n'entend plus la cascade et la musique des ados italiens. Ça n'a pas duré plus d'une seconde ou deux. Jets de corps prompts, vers le sol, les terriers. Elles étaient là. Pfuuuuit! Disparues.


Vallon du Lauzanier, été 2022.

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En 2000, de passage au Galibier, il y avait deux plaques de neige sale juste au-dessus du col. On y accédait sans encombre. Aujourd'hui, rien du tout, y compris sur le versant Nord du Grand Galibier, à plus de 3000 m. La neige n'est présente que sur les pics sommitaux de la barre des Écrins et le massif de la Meije.

Même chose à l'Izoard. Aucune trace de neige nulle part. La roche nue, les cailloux, partout. La rudesse. Une partie de la magie de la montagne s'en va avec le déréglement climatique.


Été 2022.

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La vie familiale, pièce de théâtre en un acte, une scène. Décor : le col de la Croix de Fer, 2067 m.

Le père  (regardant les panneaux des balades) : Bon, on fait laquelle?     

La mère  : La Orange, non?   

Le fils (8 ans) : Je vois rien, c'est trop haut!

La fille (15 ans) : Plutôt la bleue, il va faire chaud. Ça suffit largement.

La mère (péremptoire) : Ah! non!  la Orange! On ,n'est pas monté jusqu'ici pour faire une promenade du dimanche!  

La fille (15 ans)  : Pfffff! Nooooon!  C'est 11 kilomètres, 2h30. C'est trop long!On va cramer! La bleue, c'est bien, 6 kilomètres.

Le père : On peut peut-être faire un mix. (il montre sur le panneau)

Le fils (8 ans) : Moi, je veux pas un truc trop long! J'ai déjà trop chaud!  

La mère : Super! On aura mis plus de temps à venir en voiture qu'à marcher! Et il va falloir redescendre. Autant qu'on en profite, non?

Le père (montrant toujours le panneau) : Bon, on va faire ça. On commence la Orange et si c'est trop dur , on bifurque là et on finit par cette boucle de la Bleue. Allez, c'est parti!

( Tous silencieux, les regards fermés, ils quittent le panneau   et se dirigent vers le sentier)                            

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Qu'il était bon de faire une pause dans le petit bois frais, en contrebas de Sant Mikel, quand on venait de sillonner l'échine pelée du Tuchenn kador, avant de monter à la chapelle.

Il n'en reste rien, que des troncs noircis, de la poussière de cendre partout, des branches nues, comme écorchées et des sarments de bruyères squelettiques. Les rares feuilles qui se  sont accrochées à leur lieu de vie croustillent dans le vent de Nord. Bruit mortifère qui tranche avec le silence entêtant des oiseaux, partis voir ailleurs si le vert existait encore.

  

Été 2022

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Sur le haut du Tuchenn Kador, haletant, passe un cycliste à dreadlocks, reggae ouvert aux quatre vents,  liesse musicale qui transperce le néant charbonné et fait oublier, l'espace d'un instant, l'odeur entêtante du brulé.


Été 2022.

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Par endroit, des volutes de fumée, comme des sources chaudes, signes que le feu couve encore sous la terre, que rien n'est fini. Le brasier sommeille en grommelant.


Été 2022.

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                                             Les lacets à fleur de pente

                                             Se réveillent dans leurs lits étroits.

                                             Au col, bucoliques pâtures


          Col du Pré, 1703 m.

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                                              L'humain se  saoule d'activités pléthoriques 

                                              Dans une nature atrophiée.

                                              Trop de monde qui s'agite 

 

Col des Saisies, 1650 m.    

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                                        L’âpreté rugueuse des orgues d'Aravis 

                                        Défie la légèreté des nuages.

                                        Le torrent peine à irriguer sa tourbière


Col des Aravis, 1483 m.

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                                                       Les grands arbres sombres et droits

                                                       Dévalent en coulées sibyllines.

                                                       Le chalet avec vue

 

Col de la Croix Fry, 1477 m.

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                                      Dans le matin d'un bleu pâlissant

                                      La montagne perce les ombres.

                                      Le soleil est têtu

 

Col de la Colombière, 1618 m.

 

 

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                                     Dans la coulée verte du Plateau 

                                     L'émotion d'une Mémoire.

                                    Une meringue indigeste


Col des Glières, 1440 m

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 Assis sur le Rocher, Romantique en sursis La mer au bout des pieds,  J'assiste au lever de la pleine lune. Énorme boule,  Jaune orangé ...