mardi 9 août 2022

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 Dans la presque nuit de Molène, des feux s'allument partout. 

Continus. Intermittents. 

Du rouge ou du blanc, en suspension au-dessus de la mer.

Dans le grand vide nocturne qui happe progressivement les formes, les mats et les dentelures des rochers , 

ils subsistent. 

Aux aguets.


dimanche 7 août 2022

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 Dans un regard rapide, on pense que c'est de la buée.

Puis, non, finalement.

De l'eau. De l'eau salée. Séchée. Incrustée sur les vitres, comme des gouttes figées, scotchées. Pas vraiment l'impression d'y voir des cristaux de sel, pourtant. Plus une réminiscence de cire de bougie.

La clarté est faible derrière cette vitre. Un flou continuel, entretenu par l'arrivée de nouvelles gouttes d'eau de mer, réelles et spontanées.

Le bateau dodeline sur le raz de Sein endormi mais un sommeil légèrement agité. La houle hyperactive et serpentine fait son office. Tranquillement, sans effort, sans aide extérieure. Juste ce qu'il faut pour le balancier. Parfois, un creux de deux mètres et le rebond envoie sur les vitres de nouvelles gouttes fraîches qui dégoulinent mollement sans complètement disparaître. Elles rejoignent leurs camarades salines, accentuant le flou de transition intérieur/extérieur.

Là, dehors, dans le balancier lymphatique, on ne distingue que des silhouettes à peine esquissées : le dos de baleine de la pointe du Raz, la présence d'un trait fugace, le phare de la Vieille et plus loin, deviné, pas vraiment vu, le phare de Tevennec.

C'est un paysage de teintes brunes, noires, entretenu par le flou perpétuel des vitres. 

Alentour, l'humeur est maussade et baigne dans des gris dissonants aux traits d'horizon marqués, tout à tour laiteux ou anthracites.

Et le bateau dodeline toujours. Quelques ressacs de mal de mer et la parole philosophe d'un homme d'équipage, terrien compétent en gestion de gravité aléatoire : "Pourtant, c'est pas la saison du vomi".

On aperçoit l'île uniquement quand le bateau manœuvre pour l'accoster. Un trait de plume entre terre et mer. On le savait, on avait lu un peu avant. Queffelec, Abraham, Rachilde. Et Perros, son "assiette plate au ras des eaux".

Dans la passe, le bateau ne dodeline plus. On arrive, donc.

samedi 6 août 2022

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 La nuit perce à peine

Flots d'images dépourvues de sens réel

Doigts agiles sur les touches

L'habitude

Un soir comme un autre

Balisé.


Sursaut

Sonnerie tardive, l'heure des mauvaises nouvelles

Voix sifflante, approximative

Crachats de mots éructés, à perdre haleine

La vis sur un fil, le coup de vent

Sournois

Inattendu


La roue tourne

Les mots lancés comme des pierres

Lapidation verbale

Coupants

Qui heurtent, qui brisent , qui cassent

Broient 

Humilient

Juste les mots

Terribles

Par le truchement net de l'appareil, devenu objet de torture.


Le corps se tend, indicible

La nausée

La tête vacille

Bourdonnements

Moi? Réalité? Qui? Quoi?

Mutique

Anéanti

Foudroyé.


Un destin est passé, dilué

Un nuage en suspension

Les errements, volatiles

Une voix a raconté

Un secret, une aparté

Apparition d'autres mots, silencieux

Mensonges, trahison, 

Tromper, humilier.


Une autre vie, encore

Imprévue

Si tard

Une épreuve de plus

Au gré de la bascule mathématique vers la mort

L'horizon DES douleurS

Souffle court, pensée en catalepsie.

 

Le jour d'après est encore loin.


mercredi 3 août 2022

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 A moi, temps! Un nombre!

50.

Stupeur d'être arrivé là. Si vite.

Une vie, déjà. Le temps a passé.

 Absurde de regarder ainsi ? 

Le quotidien nous mange, écrase ce qui a été l'instant d'avant et on se jette vers ce qui suit. On se retourne juste pour des bouffées  (délirantes?) de nostalgie. Par flashs, sans s'appesantir. Quelques secondes, minutes et puis ? Et puis, c'est fini. On avance. Encore. Toujours. Quand on y pense, c'est lassant mais on y pense rarement, en fait.


Dix fois j'ai usé les jours qui m'avaient amenés jusqu'à cette glace à l'eau qui dégoulinait sur mes doigts, laissant la sensation poisseuse du sucre, un après-midi d'été andalou, étouffant et sec.

Cinq fois j'ai usé les jours qui m'avaient amenés jusqu'au premier baiser sur la bouche, ou presque sur la bouche, je ne sais plus réellement. La première amoureuse s'appelait Anne-Florence P. . Il en reste un souvenir mouillé et de battements de cœur qui grondaient comme un orage ulcéré.

Deux fois j'ai usé les jours qui m'avaient amenés sur le chemin de l'Inca. C'est un vertige. Cette impression totalement ridicule que ce n'est pas si loin. Et pourtant. Une moitié de vie a passé sur les 4200 m du col de Warmiwanusca et le bivouac haut perché où les ronfleurs, encouragés par l'altitude et le froid mordant de la nuit andine, avaient eu raison de mon sommeil.


Et le présent. Lourd, pourri, noir. Désespérant. Mais que faire ?

Avancer, malgré tout.

De toute façon, LE moment...est passé.

                                                                                                                                3/08/2022

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 Assis sur le Rocher, Romantique en sursis La mer au bout des pieds,  J'assiste au lever de la pleine lune. Énorme boule,  Jaune orangé ...